Henri Dominique Saffrey (1921-2021)

Le Père Saffrey laisse une oeuvre scientifique monumentale, principalement consacrée à l’édition et à l’interprétation d’ouvrages majeurs du néoplatonisme grec de l’Antiquité tardive, dans la période qui après Plotin couvre les IVe-VIe siècles après Jésus-Christ, de Porphyre à Damascius. Il appartient à la famille des grands savants qui, au long du XXe siècle, et pour certains au début du XXIe siècle, pæar leurs talents conjugués de philologues, de philosophes et d’historiens, ont restitué les multiples facettes de la pensée philosophique et théologique, et la spiritualité, des derniers païens dans une ultime résistance à la christianisation de l’Empire romain et byzantin. Nommons Eric Robertson Dodds, André-Jean Festugière, Leendert Gerrit Westerink, Alain-Philippe Segonds, ou encore Jean Pépin et Pierre Hadot. Pourtant ses débuts dans les études d’histoire de la philosophie, embrassées après sa formation initiale de Centralien, furent ceux d’un latiniste : sous la direction du Père Hyacinte Dondaine, il édita en 1954 le Commentaire de saint Thomas d’Aquin sur le Liber de causis, suivant l’idée du Père Marie-Dominique Chenu qui avait montré que le platonisme de Thomas était aussi important que son aristotélisme. L’édition du Commentaire de Thomas, accompagnée quelques années plus tard d’un important article sur le Liber de causis, fut suivie en 1955 d’un ouvrage sur les fragments du De philosophia d’Aristote (réédité en 2016 en même temps qu’un compte rendu d’Harold Cherniss). Commençait alors une carrière d’helléniste. Le Père Saffrey, parti étudier à Oxford avec le Professeur Eric Robertson Dodds… Lire la suite >>>


Homélie aux Obsèques du fr. Henri Dominique Saffrey

Pour commencer, je voudrais citer l’introduction au texte que le Père Saffrey avait écrit sur l’un de ses maîtres, le Père Festugière, décédé en 1982 à 84 ans :

Il faudrait plusieurs voix pour rappeler parmi nous comme il convient la mémoire du père André, Jean Festugière. Les uns l’ont connu au début de sa vie religieuse, les autres, vers la fin, auprès de certains il est passé inaperçu. Il semble donc impossible de parler de lui d’une manière qui plaise à tous. Pour les uns, il fut un ami très cher ; ses mots cruels et parfois injustes lui ont aliéné les sympathies des autres ; pour beaucoup il a semblé inaccessible et confiné dans son travail. Ces derniers peuvent se rassurer. Le travail acharné du Père Festugière a produit 70 livres et 175 articles, sans compter les recensions, les cours et les conférences prononcées dans les diverses universités de l’Europe et de l’Amérique. C’est pourquoi celui qui relira l’œuvre du Père Festugière le retrouvera.[1]

[1] H.D. Saffrey, « Le Père André Jean Festugière,(1898-1982) », Ut sint unum, 1982, p. 94.

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