LA LETTRE DE SAINT-JACQUES N°167

Pourquoi je suis chrétien ? par le fr. Marie-Dominique CHENU, o.p. (†)

Dans la mesure où la foi de mon enfance est devenue adulte, c’est-à-dire consciente d’elle-même et de son contenu au-delà de sa spontanéité ingénue, elle est devenue par là même « critique ». Non seulement j’ai cherché à discerner les motifs de croire, mais je me suis rendu complu à nourrir ma foi d’intelligence, de sorte qu’elle se construise sur deux pôles : un consentement amoureux de la Parole de Dieu, une mise en question toujours ouverte. Elle engendre alors une « théologie », c’est-à-dire une connaissance du mystère, dans laquelle s’articule la recherche avec la certitude, dans une dialectique permanente. Plus je suis envoûté par mon consentement, plus ma curiosité est surexcitée par l’amour du mystère qui m’a ainsi saisi. 

Cet étrange savoir s’exerce sur tout le champ de l’économie judéo-chrétienne, dans un messianisme qu’inaugure la vocation d’Abraham et se poursuit jour après jour à partir de la résurrection du Christ, qui le consomme au-delà de toute prévision par le travail de l’Esprit qu’il a envoyé. Le centre névralgique de ce « mystère » se situe, non dans quelque vérité éternelle, mais dans un « événement » : Dieu entre dans l’histoire. De telle sorte que l’objet de ma communion divinisante n’est pas directement Dieu en lui-même, dans sa transcendance, mais un Homme-Dieu. A l’interviewer qui lui demandait qui était Dieu pou lui, l’archevêque orthodoxe d’Angleterre répondit d’un trait catégoriquement : C’est un homme, jusqu’à sa dimension politique, selon la logique même de l’incarnation. Ainsi c’est d’un homme que j’apprends comment l’homme peut devenir Dieu (Clément d’Alexandrie, IIIe siècle). Téléchargez la Lettre pour lire le texte intégral